Je suis la fille de ma mère…

Ma mère, cette femme rieuse, spontanée, libre comme le vent. Pas spécialement cajoleuse, son affection se traduit en paroles et en gestes concrets, porteurs de sens. Ainsi, chaque été, elle prépare sa chaudronnée de confitures de fraises. Avec un sourire en coin, elle me laisse lécher la palette de bois toute pleine de mousse rose-bonbon. Collant et sucré, ce nectar me ramène près du grand carrousel où j’ai dégusté ma première barbe-à-papa. Inoubliable!

Je suis la fille de ma fille…

Deux générations plus tard, une proposition inattendue s’est glissée jusqu’au creux de mon oreille. « Maman, une maison intergénérationnelle t’attend. Nous t’espérons près de nous. Fais-moi signe quand tu seras prête! ».

Suis-je déjà rendue là? Abasourdie, cette annonce me surprend, me fait plaisir, me bouleverse. J’ai besoin de réflexion!

Je ferme les yeux…

Subtilement, une joyeuse fête foraine refait surface. Je jubile au milieu des festivaliers et des clowns. Hypnotisée, je m’attarde à voir tourner les majestueux chevaux de bois du carrousel. Ils montent et descendent au rythme de la musique. Toutes les cavalières me sourient, toutes des femmes… Étourdie, émue, je reconnais ma fille, ma mère, ma grand-mère. Rassurée, j’abandonne mes moindres réticences. Je choisis la plus belle monture, m’y accroche et fredonne comme une enfant…

Extrait du texte « De mère en fille », par Diane Bolduc